Au 93 de la rue Lauriston,
On ne marine plus dans le don perignon,
Le marché noir est toujours au goût du jour,
Mais ce sont les rejetons qui maintenant sont à la cour.

Plus d'État français, plus de pétain-pétoche,
D'msieu Henri on a brûlé la caboche.
L'Hauptsturmführer a égaré sa clientèle,
Sa boite crânienne n'est plus que dentelle.

Mais Pigalle la sordide ne néglige pas ses fidèles,
Et la Nation asthmatique en plein marasme
N'a guère envie de renifler ses miasmes.
Les rescapés ne passeront pas à l'obèle.

Instrumental.

On se reconnaissait, on portait le même uniforme,
Une identité, une langue, tous conformes.
On se connaissait, on vivait cette norme informelle,
De quoi s'occuper, des bidons et de belles gamelles.

Toi tu as glissé à coup d'abstentions,
Tellement figé que tu n'es plus toi-même.
Les désirs d'autrefois sont devenus obligations,
Pétrifié, 10 ans après, coincé sur la berme.

Ton éclat était ton allégeance,
Mais à qui faisais-tu ainsi confiance ?
On peut tout aimer quand on a le mors aux dents,
Mais peut-on, avec panache, aller de l'avant en désertant ?

Il y a belle lurette, j'ai levé l'ancre,
Mis le cap vers ces terres de Sienne et d'ocre.
L'eau salée m'a ridé, a râpé mes tatouages,
Mais en moi il n'y a plus aucune rage.
Le soleil m'a grillé, en plein décrochage,
Et m'a fait voir de nouveaux mirages.
La vendange m'a exalté, accentuant le déphasage,
Maintenant je sais conduire dans les virages !