Ton destrier patauge dans la fange,
Cette destinée plausible te dérange,
Tu n'a point réservé l'Hôtel du libre-échange.

La voûte céleste n'est ni bleue ni grise,
Comment démêle t-on ces teintes ?
L'horizon n'est ni loin ni proche,
Comment jauge t-on les étendues ?
Le vent hivernal lyophilise,
Entoure et éreinte dans une douce étreinte.
Il veut bien de la navrante caboche,
d'un vieux traîne-sabre fourbu.

Ton destrier sue et fatigue,
Et son mouvement endigue
Toutes velléités trop expéditives.

Dormir rien qu'une nuit,
Au crépuscule, il fera bon.
Dormir encore une nuit,
Ne pas penser, ne pas se voir avancer.

Ton destrier patauge sans vaillance,
Ces retournements récents n'inspirent pas confiance.
Pourquoi pourquoi fonder une nouvelle alliance ?

Après l'opulence, la décadence,
Parait-il que c'est une fatalité.
Après la gloire, les déboires,
Parait-il qu'on ne peut pas toujours gagner.
Et à coup de petites victoires,
on amorce la grande défaite.
Il faut bien grimper, escalader
pour pouvoir joliment s'effondrer.

Ton destrier patauge sans vaillance,
Non ce soir tu ne feras pas bombance,
Non ce soir ce sera sans romance.

À chacun son Sedan, son Azincourt, son Verdun...
À trop croire en un robuste limès, on finit par manquer d'adresse,
et on se jette dans l'hiver glacé, sans même l'avoir réalisé.

Nul ne sait exactement de quel bosquet nous sommes faits
certains prétendent que ce n'est que le bon sens français.
Dans les faits, nous ne sommes que de simples passants,
Voilà très exactement notre ajustement !

Buvons à la scythe pour la victoire,
Une victoire à la cadméenne !
De la dilection pour l'espoir,
Et l'ironie pour la gangrène.

Dégoiser sur l'égout des autres et lever haut le rhython,
tels des apôtres d'un culte ritualiste et formaliste
pratiquant le baptême tel Jean le Baptiste par immersion,
en matière de cordial nous sommes interventionnistes !